"Rêver collectif" pour préparer ensemble l'avenir (23ème Dimanche ordinaire C)

Lien A.E.L.F. :   https://www.aelf.org/office-messe?date_my=08/09/2013

                                Ce qui est bien à la rentrée c'est que c'est un bon moment pour remettre les pendules à l'heure, prendre de nouvelles résolutions ou tirer des plans sur la comète... histoire de reconstruire sa motivation après la pause de l'été. C'est d'ailleurs ce que font nos frères et sœurs israélites, qui ont célébré cette semaine leur entrée dans l'année 5774 de leur calendrier... avec la fête de Roch Hachana... le nouvel an juif.

                   De notre coté, face à un groupement paroissial que les circonstances semblent conduire à grossir à vue d'œil, accueillant chaque année un nombre variable de territoires pour un nombre de pasteurs qui peine à rester stable, on peut vite en venir à s'interroger pour savoir ce que le Seigneur attend de nous... en tous cas si on en reste à une logique pastorale technicienne stricte, qui fait de Dieu et de la religion un produit de consommation courante dispensé par le clergé, ou une sorte d' "opium du peuple" qu'on serait amené à aller chercher chaque année un peu plus loin... Face à cela on peut être bien inspiré de commencer par s'asseoir ensemble pour voir si, avec un prêtre de moins on va pouvoir répondre à la question silencieuse du "qu'est ce qu'on va devenir ?" d'un nombre croissant de personnes. Mais on découvre alors surtout que la compagnie du Christ a son prix... tout comme le fait d'avoir quelqu'un dans sa vie, lorsqu'on est en couple, a son prix !  Jésus-Christ n'est pas un "ami facebook"... qui ne mange pas de pain et fait très classe dans la liste de nos contacts !  Lorsqu'il prend place dans notre existence c'est pour nous travailler au corps et nous apprendre à nous défaire de tout ce qui n'est pas essentiel sur "les chemins de Compostelle" de nos vies... et faire des choix résolus qui peuvent être radicaux !

                Jusqu'à présent nous avions surtout vu un Jésus-Christ aux petits soins pour ceux qui l'entourent. Il a multiplié les pains pour la foule qui avait faim, il a guéri les malades, il a ramené à la vie la fille de Jaïre, le fils de la veuve de Naïm...(Lazare...). Jusqu'à présent, avec lui c’était la bonne nouvelle annoncée aux petits et aux pauvres face à l'hypocrisie des chefs et des pharisiens assommant le peuple. Et, de fait, Jésus devait être heureux de voir ces foules venir à lui. Mais il reste lucide également. Il sait que leurs motivations sont intéressées, et qu'on ne peut pas demander à "un contact de réseaux sociaux" ce qu'on peut demander à "un ami pour la vie". C'est pourquoi les lectures d'aujourd'hui nous rappellent que Jésus ne cherche pas simplement des admirateurs ou des followers version Twitter... mais des disciples, des gens prêts à l'accompagner en eau profonde, bien plus loin que le fameux "Engagez-vous engagez-vous qu'il disait" des soldats romains d'Asterix et Obelix... parce que, comme le dit le Livre de la Sagesse, c'est vrai que : "Les réflexions des mortels sont mesquines, et nos pensées, chancelantes ; car un corps périssable appesantit notre âme"... Mais ce qui est surtout vrai c'est que nous sommes tous des êtres hybrides, avec les pieds sur Terre et la tête dans le Ciel, comme le dit Pierre Bachelet dans sa chanson : « On a tous un cœur de Goéland, on a tous une moitié de nous même, on est fait de sable et d’océan, et c’est pour ça qu’on sait dire "Je t’aime" ». Et c'est pour ça qu'il nous faut "apprendre du Seigneur la vraie mesure de nos jours" comme le dit le Psaume 89.

             Mais pour cela il nous faut apprendre à nous délester... comme ces personnages du film "St Jacques La Mecque" qui en profitent pour se défaire discrètement d'une bonne partie du contenu de leur sac à dos sur le bord du chemin...; ou comme Philémon, dans la 2ème Lecture, dont l'esclave, Onésime, avait fuit son maître pour rejoindre Paul et que l'apôtre a baptisé et lui rend en invitant à l'affranchir... car le Christ est venu nous libérer !  Se délester jusqu'au bout...  jusqu'à préférer le Seigneur à nos parents, nos conjoints, nos ami-e-s, nos enfants... et tous ceux qui nous sont chers... et Dieu sait que c'est pas facile : j'ai testé !...  Mais ce n'est pas une exigence gratuite de sa part... car il a commencé par donner l'exemple !  Lui le 1er, de "Dieu le Fils" s'est fait "petit enfant couché dans une mangeoire",  lui le 1er a bataillé avec des pharisiens et des chefs qui confondaient droiture et raideur,  lui le 1er a accepté de s'en remettre à la volonté du Père... au jardin des Oliviers ; lui le 1er a choisi de remettre sa vie entre nos mains pour nous permettre de mettre un jour nos vies entre les siennes...

            Alors... nous qui avons si souvent peur que le Ciel nous tombe sur la tête "comme tous les gaulois" en dépit des manifestations de la Promesse : "Risquerons-nous d'être amis dans le Seigneur, oserons-nous ouvrir nos portes ouvrir nos cœurs à cet homme, ce Dieu pour la vie qui nous nomme Ami !" (https://www.youtube.com/watch?v=RIYbOinNGMQ). Car quand une personne rêve... c'est un rêve... mais quand plusieurs personnes font le même rêve ce n'est plus un rêve... c'est le commencement de la réalité !  Et si on en profitait pour rêver ensemble demain ?...